Splendeur des Han au Musée Guimet

2014 c’est l’année France-Chine et le 19 décembre c’est le moment ou jamais de s’en apercevoir. Fort heureusement, l’exposition aux Han du Musée Guimet ne fermera ses portes qu’au 1er mars ce qui évite de rendre cet article inutile avant même d’être ébauché.

La période couverte est celle de l’empire des Han, période sise entre 2 époques fort remuantes du pays, les Royaumes Combattants et les Trois Royaumes soit 400 ans entre -202 et 220. (Les pinailleurs me signaleront que je passe sous silence l’Empire Qin, mais je m’en fiche). Le début est donc marqué par l’accession de Liu Bang au siège impérial (pas les toilettes, le trône) et se termine avec la disparition de Caco Cao qui meurt dans Dynasty Warrios 1,2,3,4,5,6 et 7, le pauvre.

On divise le tout en 2 sous-périodes (c’est pratique), la première moitié, jusqu’à 8 après Jean-Claude avec les Han de l’Ouest et après ce sont les Han de l’Est.

Avant de débuter le parcours, il faut avoir en tête 2 choses, la Chine vit alors une époque plutôt calme (entendez par là qu’ils tapent bien plus sur la tronche des voisins que sur celles de leurs compatriotes) qui voit l’épanouissement des arts, des progrès techniques, l’adoption du confucianisme et le développement du commerce. Comme tout cela date quand même de deux millénaires, ce qui nous reste provient en grande partie des sépultures des élites, qui avaient la coutume pratique (pour nous parce que ça devait donner quand même beaucoup de travail) de se faire enterrer avec tout un tas d’objets destinés à leur faciliter la vie dans les outre-mondes.

Allez on rentre dans le vif du sujet avec des vitrines emplies de terres cuites, représentations miniatures accompagnant les fils du ciel et ses commensaux dans leurs dernières demeures respectives. Serviteurs, musiciens, danseuses, soldats répondent à l’appel. L’armée, même dans la mort, joue un rôle central, les tombes des généraux sont situées immédiatement à côté de celles de l’Empereur.

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Les sacrifices animaliers ont été remplacés, là encore, par des figurines, chevaux, cochons, volailles, destinés à pourvoir aux besoins naturels et nécessaires du macchabée.

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Tout n’est pas qu’argile et le faste des cours se poursuit dans l’au-delà, vaisselles en bronze, enrichies d’or et d’argent viennent rappeler la richesse du pays.

Ces deux « guépards » sont des poids de natte (plus classe que les bitonios en plastique pour retenir les nappes en papier des bistrots non ?)

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Encore plus prestigieux, symbole d’éternité, le jade est présent dans les tombes sous la forme de linceuls, véritable armure complète, destinée à la protection de l’intégrité physique du mort. Celui qui est présenté comprend 4248 plaquettes cousues au fil d’or réservé aux fils des cieux, les sous-fifres n’ont le droit qu’au fil d’argent ou de cuivre.

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Plus discret, il y aussi des masques et des disques en jade. C’est aussi l’occasion d’apprendre la tradition mortuaire locale qui est d’obturer les orifices, vraiment TOUS les orifices, il y en a 9, je vous laisse conclure.

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Les villes se développent, la capitale Xi’an compte alors 1.2 million d’habitants sur 3600 ha (dont une grande partie réservée au seul palais impérial).

Vous trouverez aussi plein d’autres substituts funéraires évoquant les gardes d’honneur, la danse, la musique, la préparation du banquet, le jeu, etc…

Un dé à 18 faces :

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Même si peu sont présentées ici, les laques sont connues depuis le VIIème millénaire.

Comme je le disais en préambule, c’est une période de prospérité, engendrée notamment par le développement agricole qui s’accompagne de la diffusion d’outils en fer plus efficaces.

Bœuf et charrue en bois. Pauvre bête.

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C’est aussi l’époque des premières caravanes parcourant la Route de la soie. Dès le IIème siècle AVJC, la soie arrive en méditerranée. Et comme dans la restauration, on ne rentre pas les mains vides, on importe des chevaux.

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Ce commerce est l’occasion d’échanges monétaires, illustrés ici par des monnaies en plomb avec inscription en grecque !

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Tout n’est pas rose pour autant et il faut quand même penser un peu à la guerre. Majoritairement avec les Xiongnu, confédération de peuples (nomades) installés sur l’actuelle Mongolie, la Grande Muraille sera enrichie épisodiquement de nouveaux segments sous les diverses dynasties Han.

Se battre n’empêche pas de discuter et on retrouve des iconographies Xiongnu dans l’art Han comme avec ce thème du combat d’animaux.

A la fin du IIème APJC, l’Empire s’étend de la Corée à la Mongolie, comprend la Birmanie au Vietnam

 

Boucles de ceinture : récompense pour les hauts dignitaires

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L’architecture est mal connue, du moins en élévation, du fait de la fragilité des matériaux, il faut donc se rabattre sur les maquettes. Les murs ne sont pas porteurs, mais comblent les vides de la structure

 

Accessoirement (!), les hans inventent le papier, réalisent des recueils de classiques dont Confucius.

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Spirituellement, ils sont enclins aux rites ésotériques, imaginent une âme duale (céleste et chthonienne). Ici un immortel tenant un objet aujourd’hui disparu : DSCF9325

 

En conclusion, il y a des pièces vraiment majeures (comme le spectaculaire linceul), beaucoup de thèmes et techniques sont abordées, le contexte est bien présenté, il y a des cartes, une chronologie, difficile donc de prendre Guimet en défaut sur ce coup là. Pour ne rien gâcher, la présentation est sobre et de très bon goût avec des espaces épurés et des lumières d’ambiance bien trouvées.  Sortie fortement conseillée donc.

 

 

Site officiel : http://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-a-venir/splendeur-des-han-lessor-de-lempire-celeste

Photos autorisées, grand merci.

Jusqu’au 1er mars 2015

Tarif : 9.50 euros

Durée : 45 minutes-1heure

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